Les habits du pouvoir s’invitent périodiquement dans le débat. Ségolène Royal a-t-elle préconisé le port de tenues décentes pour les femmes dans son ministère ? Il aura fallu un article du Point pour que les réseaux sociaux s’enflamment.
"Ah pour être dévot, Je n'en suis pas moins homme, et lorsque l'on vient à voir vos célestes appats, Un coeur se laisse prendre et ne raisonne pas." Le décolleté est un langage qui raconte le temps et comme Tarfuffe en proie à la ravissante Dorine, le refus de porter les yeux sur les appas de la femme fait partie des traits attribués au dévot hypocrite. Dans cette farce développée par Molière en grande comédie de caratère et de moeurs, il ne s'agit pas de moquer la pudibonderie mais la bigoterie et la morale rétrograde. A l'aube du XXIe siècle, la consigne d'interdiction du décolleté au seul motif de la déconcentration de la gente masculine (et le sens égalitaire dans tout ça ?) peut apparaître quelque peu déplaisante et désolante. Non, Stilettos, cuir, jupes et décolletés ne sont pas incompatibles avec talent et compétence. Mode et évolutions sociologiques vont de paire. Après les lourdes fraises espagnoles et les corsets étriqués, les vêtements se sont libérés pour être libre d'être, à l'image de la citoyenne.Et qu’est-ce que signifie le port d’une « tenue décente » dans l’univers politico-administratif ? Les acteurs politiques connaissent-ils le dress code implicite du pouvoir ? Rappelons-nous de Jack Lang sans cravate dans l’hémicycle du Palais Bourbon, Cécile Duflot en jean au Conseil des ministres, de Rachida Dati en toilettes haute couture dans les salons de la place Vendôme, ou encore de Nadine Morano sur le perron de l’Élysée en bottes cuissardes. Dans ces cercles, il y a bien des normes non écrites qui vont de pair avec la dignité de la fonction... C'est une question de liberté.
Rappelons que c'est ce gouvernement qui a fait du droit des femmes une cause nationale en créant un ministère dédié à cette mission ...